Il n'y a que " trois routes pour les jeunes hommes, celle du prêtre, celle du paysan, celle du soldat... L'état religieux parce qu'il renferme déjà, à un degré plus élevé, et plus pur la somme des vertus du soldat... Le travail de la terre parce que, mettant l'homme en contact permanent avec la nature et son créateur, il lui inculque les vertus d'endurance, de patience et de persévérance dans l'effort, qui le conduisent tout naturellement à l’héroïsme nécessaire au champ de bataille".
"Notre beau métier de soldat, suivi d'un Essai de portrait moral du chef" par M. de Torquat (Paris, 1951). Cité dans "Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme" de G. Duby (Paris, 1978)
« Les uns sont dédiés particulièrement au service de Dieu ; les autres à conserver l'Estat par les armes ; les autres à le nourrir et le maintenir par les exercices de la paix. Ce sont les trois ordres ou estats généraux de France, le Clergé, la Noblesse et le Tiers-État. »
Cette proposition est de celles par quoi s'inaugure le "Traité des Ordres et Simples Dignitez" que Charles Loyseau, Parisien, publia en 1610 et qui, aussitôt reçu, aussitôt jugé fort utile, fut constamment réédité pendant le XVIIe siècle. Par ces mots se trouve défini l'ordre social — c'est-à-dire, l'ordre politique — c'est-à-dire l'ordre tout court. Trois « états », trois catégories établies, stables, trois divisions hiérarchisées. Comme à l'école, comme dans cette société modèle où l'enfant apprend à se tenir assis, bien sage, à garder les rangs, à obéir, à se classer — la classe : les grands, les moyens, les petits : le premier, le second, le « tiers » état. Ou plutôt les trois « ordres » — et c'est ce mot-là que visiblement Loyseau préfère. Le plus élevé tourné vers le ciel, les deux autres vers la terre, employés tous les trois à soutenir l'Estat (cette fois avec une majuscule), l'ordre moyen procurant la sécurité, l'ordre inférieur nourrissant les autres. Trois fonctions donc, complémentaires. Solidarité triangulaire. Triangle : une base, un sommet et cette ternarité surtout qui, mystérieusement procure le sentiment de l'équilibre